
Bien qu'elle reconnaisse que son portugais ne sort pas encore tout à fait de la langue, elle apprécie la méconnaissance. Le résultat est une variation intrigante de la même chanson. En ce qui concerne l'instrument, il n'est pas différent d'un duo de violon et d'alto, ce qui rend les différences de perspective. Peut-être que techniquement, cela n'était pas intentionnel, mais conceptuellement, c'était le cas.
"Être multilingue permet d'avoir une perspective différente sur le monde, de pouvoir rencontrer des gens là où ils se trouvent, d'avoir un aperçu de leur monde, de vivre les luttes de l'expression de soi dans une langue inconnue. Ce sont des expériences importantes pour moi", explique l'artiste.
Rohe poursuit : « Je voulais écrire dans plusieurs langues, même si je ne pouvais pas les parler parfaitement. Je pense que cela fait partie du défi de notre monde qui rétrécit, de pouvoir se connecter avec les gens, d'entendre sa propre langue parlée dans un manière différente, pour essayer d'être compris de toutes les manières possibles."

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Que l'imagerie rappelle de vieilles comptines (comme trois hommes dans une baignoire) n'est pas accidentel. Selon Rohe, des enfants chantant dans un bus au Brésil ont inspiré Jean Rohe & The End of The World Show.
Elle y communique sans arrogance poétique, utilisant des mots avec un sens qu'on n'a pas à deviner. Les comptines et les contes de fées ne viennent à l'esprit que parce que les deux utilisent des mots simples et ordinaires pour explorer des thèmes profonds et extraordinaires. Elle tisse ses propres histoires comme le ferait un petit enfant comme s'il marchait dans la rue, l'esprit rempli de détails de voyages au Pays Imaginaire, traduits en paroles qui donnent un aperçu de son imagination.
Le ton de ses paroles est empreint d'une sensibilité remarquable--pas un abrutissement de l'intellect par aucune mesure mais, au contraire, une élévation des idéaux. Cela dit, ses recueils de prose sont souvent moins Disneyesques que des échos d'Antoine de Saint-Exupéry. Les traits faibles de l'humanité ne sont jamais perdus dans une jolie animation.
Par exemple dans Red Rover elle chante :
"Si jamais tu viens de mon côté de la ville,
Vous me reconnaîtrez par les joyaux de ma couronne.
Je suis la princesse, je suis le matelas, je suis le petit pois.
Je peux charmer les rayures d'une abeille.
Tous les enfants veulent jouer avec moi
Toutes les femmes veulent m'emmener prendre le thé
Tous les messieurs veulent ma compagnie
Et les marins veulent m'emmener en mer à la rame." - paroles, Red Rover
Dans l'essai d'accompagnement qu'elle décrit,
" Vous ne pouvez pas la regarder sans la jauger. Vous ne pouvez pas la jauger sans tracer comment vous allez la réduire. C'est presque automatique, maintenant, l'évaluation de la conquête. Les timides ne sont plus amusants non plus facile de les troubler et de les déséquilibrer...
Au contraire, Jean ne semble pas fortement enclin à se faire un devoir de faire autre chose que de communiquer. Au lieu de cela, comme ses paroles et sa musique, elle garde sa prestation simple, soignée et honnête. Inspirée par des artistes comme Joni Mitchell et Ani Difranco, Jean raconte aussi ses chansons, mais pas tout à fait de la même manière.
Rohe parle quand elle chante, possédant une capacité remarquable à énoncer clairement les mots sans perdre de vitesse. En anglais, elle formule des phrases presque théâtrales, laissant parfois l'impression de faire une chanson de jazz dans une comédie musicale. Le Red Rover au rythme rapide, qui l'amènera à voir ce qui sera après lui et O Bright Star en sont des exemples.
Peut-être que le seul point négatif qui pourrait être mentionné à propos du disque est qu'il est un peu trop impeccable. Ce n'est pas un problème pour ceux qui n'ont pas vu Jean Rohe et son groupe jouer, mais c'est pour ceux qui les ont vus jouer les chansons en direct lorsque les sons sont plus pleins et plus vibrants. Du tintement de la mandoline au vibraphone fantasque en passant par le coup de pied de la base, tous se réunissent avec vigueur sur scène. Il y a une énergie puissante qui ne se manifeste pas complètement dans l'enregistrement.
Le timbre de sa voix change également dans ce disque multilingue et est particulièrement visible dans des chansons bilingues comme The Fisherman et La Coqueta. Les paroles en anglais produisent une qualité plus serrée, plus nette et plus modulée. Dans les sections espagnole et brésilienne, le son est plus frais, plus profond et plus creux.
Une bite de sa tête et un sourire sceptique vous indiquent qu'elle reconnaît votre défi et accepte. Les règles dictent désormais que la soirée ne peut pas se terminer avant que l'un d'entre vous ne sorte victorieux, la gauche vaincu tintant dans une poche avec toutes les autres histoires."
Pourtant, Rohe prétend être un optimiste. "(Mais) parfois, on a l'impression d'aller en enfer dans un panier à main", accepte-t-elle.
Les paroles seules ne complètent pas le récit du disque. Les scènes sont définies à l'aide d'enregistrements sur le terrain. Les instruments se faufilent à travers des rythmes généralement folk et brésiliens, cajolant beaucoup de texture. Tous contribuent grandement à planter le décor. De la mandoline de Jean aux guitares acoustiques et électriques, en passant par la batterie, les percussions et le vibraphone, la collection d'instruments offre une portion complète de saveurs musicales que l'on peut mieux décrire comme une fusion avec des nuances.
En décrivant les choix instrumentaux, Rohe a expliqué qu'ils étaient "une conséquence des musiciens que j'avais rassemblés. Au cours des deux années précédant l'enregistrement, j'avais joué des spectacles avec tous ces musiciens et j'avais trouvé qu'ils apportaient chacun des textures différentes et belles au musique."
L'artiste a également rappelé que le seul instrument qui n'avait pas fait partie du groupe régulier avant l'enregistrement était la basse. "Mais le travail de Chris Tordini est désormais indispensable", décide Rohe. "Je ne peux plus imaginer la plupart de ces chansons fonctionner sans basse."
La voix, elle aussi, est un instrument central du jazz ; et la technique vocale de Jean Rohe est un départ rafraîchissant des exagérations soufflées de Norah Jones imite, ou son contraire, les adaptations caricaturales modernes presque amusantes de Billy Holiday.
Rohe élimine les phrasés, les marmonnements et les riffs interminables que tant d'interprètes débutants de jazz et de pop se sentent obligés d'employer.